Skip to Content

Ooho. Des bulles d’eau si révolutionnaires ?

Ooho. Des bulles d’eau si révolutionnaires ?

J’ai récemment suivi le buzz en rapport avec Ooho. Vous savez, ces fameuses bulles d’eau innovantes et comestibles dont l’enveloppe est constituée de plantes et d’algues. De mon avis, cette innovation n’est pas si révolutionnaire… Je vous explique pourquoi.

Conçues par la start-up Skipping Rocks Lab devenue NOTPLA basée à Londres, ces bulles d’eau auraient pour but principal, selon ses inventeurs, de remplacer les bouteilles en plastique. En découlerait alors une réduction des déchets.

Vidéo de Ooho, ces bulles d’eau comestibles

Ooho : aucun emballage primaire

Mais Ooho comme divers médias qui ont relayé cette innovation ont oublié de vous dire que ces bulles d’eau ne possèdent pas d’emballage primaire ! En effet, un emballage comestible n’existe pas si on le mange. Ooho est donc un produit et non un emballage.

Je suis curieux de savoir comment seront commercialisées ces fameuses bulles d’eau Ooho. Car sans emballage primaire, il est sûr qu’elles ne pourront pas être vendues directement sur un étal de magasin sans aucune protection. Elles seraient exposées ainsi à tous types de contaminations :

  • poussières
  • saletés
  • humidité de l’air
  • pollution bactériennes (mains des clients…)

Cet emballage comestible aura forcément un emballage de protection (en amont une fois produit, et au moment de sa distribution et de son transport) mais ce ne sera sûrement pas cette enveloppe de plantes et d’algues !

Il ne faut pas oublier que l’un des rôles primordial de l’emballage est de protéger le produit qu’il contient.

Je vous propose d’ailleurs de prendre connaissance du communiqué du Conseil National de l’Emballage (CNE) qui aborde le sujet des « emballages comestibles » et que je partage avec leur autorisation. Il détaille et résume très bien mon avis sur ce type d’innovation. Je dois même avouer que ce n’était pas le cas quelques années auparavant au moment où je publiais cet article qui abordait le même sujet mais cette fois-ci avec les Wikicells.

Communiqué du CNE sur les emballages comestibles

Note de Position concernant les emballages comestibles – Octobre 2016

Régulièrement, des publications mettent en avant des recherches sur de nouveaux matériaux qui permettraient de réaliser des emballages primaires (au contact du produit) tout en étant comestibles. Dernièrement, des chercheurs aux USA ont indiqué avoir trouvé une matière plastique transparente comestible et biodégradable fabriquée à partir de protéine de lait (caséine).

Le Conseil National de l’Emballage (CNE) souhaite rappeler qu’un emballage primaire assure différentes fonctionnalités notamment en premier lieu la bonne conservation du produit contenu et sa protection vis-à-vis de tous les contaminants externes. Cette qualité de base de l’emballage est appelée « barrière » et elle assure que le produit contenu ne peut pas être altéré par quoi que ce soit venant de l’environnement extérieur.

Il va de soi que si un emballage comestible, destiné à être mangé, n’est pas lui-même protégé, il va être exposé à tous les types de contaminations que l’on peut rencontrer dans la vie réelle, les poussières, les machines, l’humidité de l’air, etc., et surtout les mains des uns et des autres que l’on sait véhiculer toutes sortes de pollutions bactériennes. Un exemple d’emballage comestible a été mis sur le marché il y a quelques années aux USA (wikicells) et le produit et son emballage comestible étaient vendus ….sous un emballage de regroupement (blister) afin de les protéger avant consommation et assurer ainsi de parfaites conditions d’hygiène pour le consommateur.

D’autres fonctionnalités comme la protection lors du transport et l’information produit pour le consommateur pourraient également être un enjeu difficile voire insurmontable pour de tels emballages comestibles.

En l’état actuel des circuits de distribution des produits alimentaires de grande consommation dans le monde, le CNE considère qu’il apparait utopique d’imaginer des produits avec des emballages primaires comestibles qui ne seraient pas eux-mêmes emballés afin d’assurer une parfaite sécurité pour le consommateur final. Le bilan environnemental de la production de ces matériaux comestibles est également inconnu à ce jour.

Le CNE considère ainsi que l’allégation selon laquelle de tels emballages comestibles supprimeraient les emballages et leurs déchets est trompeuse. Il rappelle que toute démarche de conception d’emballage, et a fortiori d’éco-conception doit concerner le couple produit/emballage et l’ensemble du système d’emballage, incluant les emballages primaires, secondaires et tertiaires. Ce n’est qu’en respectant ces principes qu’il pourra être vérifié si l’emballage envisagé répond aux fonctions attendues vis-à-vis du produit, et permet une réduction réelle des impacts environnementaux. Ces principes sont rappelés dans son Guide pratique pour l’éco-conception des produits emballés.


Le Conseil National de l’Emballage (CNE), association créée en 1997, est une plateforme d’échange et une instance de concertation entre les différents acteurs de l’emballage : producteurs de matériaux d’emballages, fabricants d’emballages et d’équipements, entreprises de produits de grande consommation, entreprises de la distribution, sociétés agréées et opérateurs du secteur de la collecte et de la valorisation, collectivités locales, associations de consommateurs et de protection de l’environnement.

La mission principale du CNE consiste à élaborer et diffuser les bonnes pratiques de conception, d’utilisation et de commercialisation de l’emballage des produits.

Le CNE reste à la disposition permanente de toutes les parties prenantes, pour le meilleur de l’emballage.

Le saviez-vous ?

Un emballage primaire c’est l’enveloppe matérielle au contact direct de l’aliment ou de la boisson.

Aussi, des alternatives beaucoup plus simples existent afin de bannir l’utilisation des bouteilles en plastique : l’utilisation de bouteilles et gourdes réutilisables par exemple.

Elles sont faites pour contenir de l’eau ou d’autres boissons et elles ont un avantage sur Ooho. Leur contenant permet de protéger le liquide qu’elle contient ce qui n’est pas le cas de ces bulles d’eau comestibles.

L’ autre point qu’il ne faut pas non plus négliger et qui touche directement le consommateur, c’est le prix. Personnellement, je préfère acheter une bouteille réutilisable que de payer pour ces bulles d’eau Ooho.

Je suis d’ailleurs impatient de connaitre le prix de vente unitaire afin de le comparer :

  • aux prix du marché existant des bouteilles d’eau minérales
  • au prix de l’eau du robinet

L’eau du robinet peut être consommée tous les jours et rares sont les endroits où ce n’est pas possible. Je parle bien sûr de pays comme la France qui comptent de nombreuses usines de « potabilisation ».

Alors pour moi Ooho, c’est plutôt Oonon même si je salue le côté innovant de ses inventeurs 😉

N’hésitez pas à donner votre avis en laissant votre commentaire.

Franck

Thursday 21st of September 2023

Bonjour il suffit de mettre un emballage primaire biodégradable Je pense que le problème est plus dans la longévité du produit Mais serait très utile pour remplacer les dosettes des condiments à voir si c est réalisable

Hélène

Thursday 24th of August 2023

Moi je trouve ça très pratique, même avec un emballage, qui pourrait être recyclable ou recyclé. Pour voyager, c'est l'idéal. L'inconvénient des gourdes, c'est qu'il faut pouvoir les laver régulièrement et les remplir avec de l'eau potable, ce qui n'est pas toujours possible. Par ailleurs, certaines gourdes sont d'une matière qui laisse des micro particules dans l'eau aussi.

Gilles Capistran

Sunday 7th of July 2019

Une grande invention, oui. Comment réfrigérer et garder fraiches chez soi ou lors de nos déplacements ces bulles? En quelles quantités seront-elles proposées? À quel prix l'unité? Bien des questions qui attendent des réponses.

Antonio

Wednesday 13th of March 2019

Ce qui m'intrigue ici c'est que l'on a l'impression d'être focalisés sur un emballage forcément comestible.. Or ne serait-il pas plus actuel de rechercher un emballage qui puisse à l'image des bouteilles d'eau être primaire et à la fois possible à la vente directe mais qui puisse aussi être facilement dégradé par l'environnement ? On esquive ainsi la question du du suremballage et on résout la question verte du produit.. À l'exemple de ces bulles Ooho, qu'elles soient comestible m'importe peu du moment que je peux jeter sa peau dans la nature sans retenue aucune et sans empreinte écologique et qu'elle puisse soit être facilement dégradable (en un cours laps de temps) et si jamais mangée par un animal/insecte quelconque, que cela ne soit pas toxique ?

Climont

Thursday 8th of November 2018

Bonjour, Il apparait en effet que la distribution directe est sujette à question en particulier dans nos pays quelque peu aseptisés.

Je souligne néanmoins que l'utilisation d'un contenant de vente (rien de différent d'une barquette fermée) peut à la fois apporter les garanties d'hygiène et supporter les informations légales.

Une application évidente se trouve dans les pays où l'accès à l'eau potable pose problème.

En remplaçant les sachets plastique remplis à des sources disons plus ou moins potables par cette solution, vous contribuez à : Améliorer la santé publique avec une garantie "eau potable" Amélioration de l'accès à l'eau au global pour les populations Protection de l'environnement en éliminant les sacs plastiques non dégradables Création d'une activité économique pour les plus démunis...

Les petits vendeurs d'eau n'aurons qu'a disposer d'un contenant/distributeur pour assurer l'hygiène de leur offre. Et sur ce point il y a fort à parier que ONG, Associations et Services Publiques seront accueillants pour subventionner la mise à disposition.